Je travaille sur le site « historique » d’une entreprise plus que centenaire qui fait désormais partie d’un groupe anglais. Comme cela se faisait à la fin du 19eme siècle tout autour de l’usine de production, des cités pour les ouvriers et les employés avaient été construites et les cadres dirigeants habitaient de grosses maisons bourgeoises avec grandes fenêtres, plafonds hauts et parquets en bois ciré. Quand j’ai commencé à y travailler, elle possédait même un domaine viticole assez important. Au cours des années les cités ouvrières ont été vendues ou rasées, les maisons de maître ont été modifiées pour abriter les services annexes à la production (technique, informatique, laboratoire etc. ) et le domaine viticole a été vendu. L’intérieur d’une partie du bâtiment des services techniques a été en partie refait au début des années 1990 quand celui-ci y a emménagé, et depuis, plus rien à part quelques rafistolages de premier secours. Il s’est lentement dégradé. L’ancien central téléphonique inoccupé s’écroule depuis ce temps et offre une magnifique vue de ruine, les fenêtres laissent passer les courants d’air, on patauge sur les moquettes quand il pleut car les drainages sont bouchés. Le grenier est rempli de seaux pour récupérer l’eau des nombreuses fuites de la toiture, le crépi des murs intérieurs tombe à cause de l’humidité, celui de l’extérieur s’effrite et le rouge initial est devenu rose pâle, les gouttières sont percées ou bouchées. Une des secrétaires a même eu une fuite d’eau sur son clavier de PC. Encore heureux qu’on a un chauffage et une clim assez efficaces.
Et puis là : réorganisation complète suite au rachat par la maison mère anglaise d’un groupe français travaillant dans le même secteur. Du coup le PDG d’une des deux divisions issues de la fusion de notre groupe avec celui racheté va débarquer dans notre fameux bâtiment dont de nombreux bureaux étaient vides suite à la baisse des effectifs. Du coup, branlebas de combat. On change les fenêtres, on change les sols, on repeint partout, on met de nouvelles appliques aux murs, on va refaire la toiture, on va raser la verrue, on refait un bâtiment à neuf.
Pendant 20 ans, malgré les nombreuses questions posées par les délégués du personnel sur l’état de ce bâtiment, rien n’a été fait. Et tout d’un coup, il y a tout l’argent que l’on veut. Que vous soyez puissants ou misérables…
On vient d’apprendre aujourd’hui que notre premier ministre, non content de prendre des vacances tous frais payés chez son ami Moubarak, rentrait chez lui dans la Sarthe à 250 kilomètres de Paris en avion Falcon présidentiel pour un coût estimé à 27000€ du voyage.
Finalement le monde politique et le monde de l’industrie ne sont pas si loin l’un de l’autre quant à la dépense de leurs deniers.
C'est bien pour cette raison, en particulier, qu'ils s'entendent si bien.
RépondreSupprimerCette indécence est très choquante pour ceux, de plus en plus nombreux, qui ont du mal à boucler leurs fins de mois et à qui on demande toujours plus de sacrifices.
RépondreSupprimerOu alors ils profitent au maximum de la situation parce qu'ils savent (comme leurs copains du sud de la Méditerranée) que ça ne durera pas éternellement ou alors ils ne s'en rendent même plus compte et c'est pire.
Ça me fait penser à un truc, il y a dix ans, dans la boîte où je travaillais. Le PDG avait été viré (mauvais), et il avait osé venir se plaindre auprès des secrétaires en leur disant :
RépondreSupprimer- vous comprenez, ça va être difficile, j'ai un train de vie tout de même, il y a les sports d'hiver, l'école privée à payer...
Ça avait fait le tour des employés en une matinée.
A ce niveau ce n'est plus de l'indécence mais du mépris. J'espère que le nouveau grand Yaka qui va vous rejoindre aura la délicatesse de pas trop la ramener si son fauteuil n'est pas assez molletonné pour son postérieur délicat.
RépondreSupprimerS'il y a bien une chose qui m'insupporte, c'est le deux poids deux mesures.
Il y a à peu près deux ans, l'hôpital de Bourges recevait la visite du Prince Nicolas Ier, l'extérieur avait été complètement refait, alors que cela faisait des années que le budget ne le permettait pas, allez savoir pourquoi ...
RépondreSupprimerComme le dirait T-M, c'est bien deux poids, deux mesures !